Les amis de Cervantès et de Don Quichotte

Occitanie - Francophonie - Méditerranées

Cervantès et sa captivité à Alger : empreinte traumatique et résilience créatrice…

L’oeuvre de Cervantès a donné lieu à une bibliographie prodigieuse. Essais, biographies, exégèses, études, ne cessent d’actualiser la question cervantine. Mais la captivité de Cervantès à Alger et l’empreinte particulièrement traumatique qui semble l’avoir marqué, restent assez peu étudiées.

Il suffit pourtant de lire l’oeuvre multiforme du manchot de Lépante – depuis les premières pièces de théâtre et les premiers récits écrits après sa libération, El trato de Argel [La vie à Alger] (vers 1581-83) et La Galatea (1585), en passant par Don Quijotte (1605 – 1615) jusqu’au roman publié à titre posthume Los trabajos de Persiles y Sigismunda [Les procès de Persiles et Sigismonda] (1617) pour y découvrir nombre de scènes de captivité.

Il est question de cages de toutes tailles, de captifs chrétiens, de galériens et de prisonnières, d’exilés, de fuyards, de victimes de claustration. Dans la première partie de Don Quijote, le Chevalier à la Triste Figure rentre chez lui humilié, emprisonné dans une cage,

C’est donc un plaisir de découvrir l’ouvrage de Maria Antonia Garcès. Dans son livre dense, elle explore dans le détail l’histoire et les impacts de cette captivité, en particulier les aspects traumatiques de cet épisode central de la vie de l’écrivain. Elle l’identifie comme une des sources majeures de la créativité de Cervantès.

Durant ces cinq années, loin des siens, il vécu dans la proximité quotidienne de la folie, d’états paroxystiques éprouvés dans un environnement de prisonniers et d’esclaves où la torture et la mort côtoyaient des amours impossibles et des rêves improbables de liberté (Il fit quatre tentatives d’évasion).

Mais il développa par ailleurs des relations complexes avec ses geôliers – maures, turcs et renégats, dont les évocations récurrentes traversent son oeuvre.

Ce n’est sans doute pas le fait d’une simple fantaisie si Cervantès, tandis que se préparent les expulsions massives des morisques d’Espagne, partage sa plume, tout au long des deux volumes de Don Quichotte, avec un mystérieux historien arabe, Cid Ahmet Benengeli, l’associant ainsi directement à sa gloire et à sa fabuleuse postérité littéraire…

Vivre Don Quichotte !

Parce que lire simplement Don Quichotte ne suffit pas ! Écrite par Cervantès avec l’encre de la vie, c’est une lecture à vivre, à ingérer, à traverser, à naviguer, à distiller, à s’incorporer par le verbe et ses réverbérations !

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